Le printemps… C’est une saison que j’aime profondément. Celle du renouveau, du réveil de la nature, mais aussi du corps. Après les mois froids, le rythme lent, les plats riches, on ressent souvent le besoin de légèreté. Et si ce que vous ressentez n’était pas seulement psychologique… mais aussi physiologique ?
Autrefois, au sortir de l’hiver, nos grands-parents — et encore plus nos arrière-grands-parents — avaient un réflexe simple et sage : aller dans la nature, cueillir des « simples », ces plantes que l’on dit aujourd’hui « sauvages » mais qui faisaient partie intégrante de leur pharmacopée du quotidien.
Aujourd’hui, j’aimerais vous emmener avec moi dans cette promenade de printemps. Non pas pour revenir en arrière, mais pour reconnecter notre corps à ce que la nature offre de plus vivant, à cette époque si particulière de l’année.
« Les simples ne guérissent pas seulement le corps. Elles rappellent à l’âme qu’elle fait partie d’un tout. »
« Chaque saison offre ses remèdes. Au printemps, la terre s’ouvre pour nous tendre les mains. »
— Une vieille herboriste, au détour d’un sentier…
Pourquoi les plantes sauvages au printemps ?
Vous avez remarqué comme votre énergie est un peu ralentie en mars ? Comme si le corps n’avait pas encore tout à fait quitté l’hiver ? C’est parfaitement normal.
En tant qu’infirmière, je vois souvent des personnes se plaindre de fatigue persistante, de digestion difficile, de peau terne… Et bien souvent, un petit rééquilibrage en douceur peut faire des merveilles. C’est là que les plantes de printemps entrent en jeu.
Elles sont les premières à surgir de la terre, pleines de vitalité, riches en minéraux, en chlorophylle, en principes actifs. Elles drainent, stimulent, réparent. Ce sont les alliées naturelles d’un « nettoyage intérieur » doux, non agressif, que nos corps réclament après la saison froide.
L’usage ancestral des plantes : une sagesse oubliée mais essentielle
Avant que les pharmacies ne bordent chaque rue, avant même que les livres de médecine moderne ne soient écrits, nos ancêtres avaient une connaissance intime et vivante des plantes qui les entouraient.
Au printemps, cette connaissance devenait particulièrement précieuse.
◆ Une tradition vieille comme le monde
Nos aïeux vivaient au rythme de la nature. Ils savaient qu’après les longs mois d’hiver — où l’alimentation était plus pauvre, plus grasse, moins vitaminée — le corps avait besoin d’un renouveau. Et ce renouveau, ils allaient le chercher… dans les prés, les sous-bois, les talus.
On appelait cela "faire sa cure de printemps".
Ce n’était pas un régime à la mode, ni une tendance bien-être sur les réseaux. C’était un savoir empirique, transmis de génération en génération, souvent par les femmes : les mères, les grand-mères, les guérisseuses, les « rebouteux » et les sages-femmes du village.
Elles savaient quelles plantes cueillir, quand, comment les préparer, et pour qui.
- Le pissenlit pour drainer le foie.
- L’ortie pour « refaire le sang » chez ceux affaiblis par l’hiver.
- Le bouleau pour éliminer les toxines.
- Le plantain pour calmer les toux de fin d’hiver.
- La violette pour apaiser les inflammations.
Et ce savoir n’était pas seulement thérapeutique. Il était saisonnier, symbolique. Cueillir les premières pousses, c’était célébrer la vie qui revient. C’était, d’une certaine manière, remercier la nature d’être encore là pour nous nourrir et nous soigner.
◆ Plantes et rites de renouveau
Dans de nombreuses cultures, le printemps était aussi le temps des purifications rituelles : on nettoyait les maisons, on brûlait des herbes (comme la sauge, l’armoise), on lavait les corps avec des infusions tièdes, parfois même on restait à jeun plusieurs jours, juste accompagnés de bouillons ou de tisanes.
Les plantes n’étaient donc pas seulement des "remèdes" : elles étaient des alliées sacrées.
Et aujourd’hui, même si nous n’avons plus besoin de survivre comme autrefois, cette sagesse a toujours autant de sens.
◆ Pourquoi revenir à ces pratiques aujourd’hui ?
Parce que nous avons besoin de reconnexion.
À notre corps. À nos saisons internes.
Et à une nature qui, elle, ne nous a jamais oubliés.
Redécouvrir les « simples », c’est redécouvrir une médecine du quotidien. Une médecine qui préserve, qui équilibre, qui soutient, sans brutalité.
C’est aussi se réapproprier notre santé de manière active, douce et intuitive.
Et en tant qu’infirmière, je suis convaincue que cette approche peut parfaitement cohabiter avec la médecine moderne. Elle ne s’y oppose pas : elle la complète. Elle nourrit ce qu’aucune pilule ne peut offrir : le lien, la compréhension, le respect de notre rythme naturel.
5 plantes sauvages à (re)découvrir maintenant
◆ Le pissenlit : le grand nettoyeur naturel
Vous le voyez partout ! Jaune, joyeux, indomptable. Le pissenlit est une bénédiction pour le foie. Ses feuilles stimulent la bile, aident à digérer les excès, soulagent les ballonnements.
Je l’aime en salade (ses jeunes pousses sont légèrement amères, mais délicieuses avec une vinaigrette douce), ou en infusion de racines pour un vrai drainage de printemps. Il aide à se « remettre en route ».
◆ L’ortie : La plante qui redonne de la force
Longtemps considérée comme une « mauvaise herbe », l’ortie est pourtant une pépite nutritionnelle. Riche en fer, en silice, en calcium, c’est une plante revitalisante, idéale quand on se sent à plat.
Je l’utilise en soupe, ou en infusion (avec un peu de menthe, c’est délicieux). En poudre, elle se glisse aussi dans un smoothie vert du matin. L’ortie, c’est le coup de fouet du printemps, sans excitation, mais avec ancrage.
◆ Le plantain : Apaisant et protecteur
Le plantain pousse discrètement dans les prairies. Mais quelle richesse ! Il soulage les allergies de saison, calme les voies respiratoires et peut aussi être appliqué sur la peau pour les petites irritations.
En infusion ou même mâché directement en balade (oui, oui !), c’est une plante que j’utilise souvent dès les premiers pollens.
◆ Le lierre terrestre : Discret mais puissant
Moins connu, le lierre terrestre est pourtant un excellent détoxifiant. Il aide le foie et les reins à mieux fonctionner et possède aussi des propriétés antioxydantes.
J’adore en faire un petit pesto maison avec quelques graines de tournesol et de l’huile d’olive. Sa saveur est intense, végétale, presque fleurie.
◆ L’ail des ours : Purifiant et savoureux
Celui-ci est une vraie star du printemps. Il pousse en sous-bois humides et se reconnaît à son odeur aillée. Il purifie le sang, régule la tension, et renforce le système immunitaire.
Je le transforme en tartinade ou en huile parfumée. C’est une manière merveilleuse de joindre plaisir et santé.
Comment les consommer facilement ?
Inutile de se compliquer la vie. Une poignée de jeunes feuilles dans une salade, une tisane simple à base d’ortie ou de pissenlit, un pesto maison pour accompagner vos légumes…
Le secret, c’est la régularité. Une « cure » de plantes sauvages peut durer 7 à 10 jours. Juste ce qu’il faut pour relancer l’organisme, sans brusquer le métabolisme.
Et puis, c’est aussi un moment pour soi. Prendre le temps de cueillir, de préparer, d’infuser… C’est presque une méditation.
Cueillir avec conscience
Avant de partir à la cueillette, quelques conseils essentiels :
- Apprenez à identifier les plantes avec certitude (livres, applis ou sorties guidées).
- Cueillez loin des routes ou zones polluées.
- Respectez la plante : prélevez peu, et laissez-la continuer à vivre.
- En cas de doute, ne consommez pas. Certaines plantes sont toxiques si mal identifiées.
Ce que la science dit des "simples" : entre traditions et validations modernes
Pendant longtemps, on a relégué les plantes médicinales au rang de remèdes « de grand-mère ». Pourtant, les recherches des dernières décennies montrent que les savoirs ancestraux n’étaient pas que de l’intuition ou du folklore : la science rattrape peu à peu cette sagesse oubliée.
◆ L’ortie (Urtica dioica)
Traditionnellement utilisée pour ses vertus reminéralisantes, l’ortie est aujourd’hui reconnue en phytothérapie pour soulager les douleurs articulaires et améliorer les états de fatigue passagère.
Des études publiées dans Phytotherapy Research ont montré ses effets anti-inflammatoires, notamment chez des patients souffrant d’arthrose. Elle est également riche en fer, calcium et vitamine C — un vrai booster de printemps naturel.
◆ Le pissenlit (Taraxacum officinale)
On le pensait « mauvaise herbe », mais il est un puissant allié du foie et de la digestion.
Une revue dans le Journal of Ethnopharmacology a confirmé son rôle cholérétique (stimulation de la bile) et son action détoxifiante. Il soutient le foie en douceur, parfait pour une « mise au propre » naturelle après l’hiver.
◆ La violette (Viola odorata)
Connue pour ses effets apaisants, elle est traditionnellement utilisée en cas de toux ou d’anxiété.
Des recherches ont validé ses propriétés expectorantes et sédatives douces. Elle contient des alcaloïdes et des mucilages, utiles pour calmer les voies respiratoires — et l’esprit.
◆ Le plantain (Plantago major)
C’est le pansement des chemins. Antiseptique naturel, il était déjà utilisé par les Grecs anciens.
Des études ont démontré ses effets antimicrobiens et cicatrisants. Le Plantago favorise la régénération cellulaire, tout en apaisant les inflammations des muqueuses.
◆ La bardane (Arctium lappa)
Connue pour ses bienfaits sur la peau (acné, eczéma), elle agit aussi en profondeur sur les émonctoires.
🧪 Elle possède des propriétés antioxydantes, antibactériennes et hypoglycémiantes selon plusieurs études cliniques. Elle soutient le foie et les reins, en lien direct avec la santé de la peau.
Une approche globale du bien-être
Ce retour à la nature me semble fondamental. En tant qu’infirmière, je vois à quel point notre quotidien nous coupe parfois de notre vitalité profonde. Le biomagnétisme, les plantes, les respirations conscientes… tout cela est complémentaire. Ce sont des outils pour nous aider à retrouver un équilibre, pas à remplacer la médecine, mais à l’accompagner.
Et vous, avez-vous déjà cueilli vos propres plantes médicinales ?
Partagez vos expériences, vos recettes, vos doutes aussi. Le printemps est un appel à l’échange et à l’expérimentation. Ce qui marche pour l’un peut inspirer l’autre.
Et surtout, souvenez-vous : parfois, les plus grands trésors de santé poussent juste sous nos pieds
Et si la modernité ne faisait que confirmer ce que les anciens savaient déjà ?
En tant qu'infirmière, je vois à quel point il est important de faire le lien entre tradition et science, intuition et preuve. Et c’est exactement ce que ces études nous offrent : une passerelle entre le savoir populaire et la médecine basée sur les faits.